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Sous le masque de l'effroi
Il est des clairières si reculées que même le souvenir des pas s’y efface, avalé par la mousse et les murmures du vent. C’est là, lovée entre deux racines moussues, que Tata Zabelle avait tissé sa tanière de lianes et de feux follets. Sa silhouette voûtée, drapée d’un tablier fleuri aux teintes fanées, moutarde, vert mousse, violet crépusculaire, semblait sculptée par la forêt elle-même. Ses cheveux, un fouillis argenté strié de mèches noires, s’échappaient d’un chignon lâche, ornés de brindilles et de pétales séchés. Ses mains noueuses, marquées de veines saillantes, dansaient avec une grâce ritualisée, et ses yeux perçants, vert de mousse fanée, voilés d’une cendre douce, scintillaient d’une malice douce.
Les voyageurs évitaient ce lieu, par crainte ou paresse de rêver plus loin. Pourtant, ceux qui s’égaraient découvraient une magie étrange : la sorcière aux doigts tordus parlait le langage oublié des bêtes qu’on redoute. Les crapauds lui confiaient leurs chagrins, les chauves-souris leur vertige, et les araignées… ah, les araignées… elles lui chantaient l’étoffe des mondes.
Ce matin-là, la brume s’attardait, drapant la chaumière d’un voile de dentelle pâle. A l'intérieur, une étrange créature, un Krapouk nommé Grignotte, boule hirsute de suie et de défiance, s’étirait sur un tapis de jute râpé. Mi-furet, mi-chat, tel un nuage d’ombre, son pelage noir, hérissé de touffes grises, frémissait sous la lumière tamisée. Ses yeux d’ambre, fendus de pupilles verticales, brillaient de méfiance, et sa queue effilée fouettait l’air en saccades nerveuses. D’un bâillement théâtral, il dévoila des crocs minuscules, son museau humant le parfum de poivre et de camphre.
Soudain, ses yeux accrochèrent un éclat suspendu : une araignée, funambule délicate sur un fil d’argent. Son pelage s’embrasa en vagues chaotiques, comme une mer d’encre sous l’orage. Bondissant sur ses pattes, il retroussa les babines, sa queue sifflant comme un fouet.
— Pouah ! Hors de question que ça reste là, cracha-t-il, sa langue rose dardant son mépris.
Sa patte levée tremblait d’indignation, griffes luisant dans la pénombre.
— Minute, petit hérisson de suie…
La voix de Tata Zabelle, rocailleuse et chaude comme une tisane fumante, coula dans l’air. Elle glissa d’un pas léger, son tablier frôlant le sol avec un bruissement de feuilles mortes. Ses mains noueuses s’ouvrirent en corolle, recueillant l’araignée avec une tendresse infinie. Une mèche argentée s’échappa de son chignon, effleurant son épaule, et ses yeux croisèrent ceux de Grignotte, mi-amusés, mi-moralisateurs. D’un geste fluide, sa main libre caressa l’air, apaisant jusqu’aux flammes vacillantes du foyer.
Grignotte se tassa, oreilles plaquées, sa queue s’enroulant autour de ses pattes comme un rempart. Ses griffes grattèrent le bois en un tic nerveux.
— Pourquoi ? C’est laid, c’est gluant, ça fait peur. On devrait les écraser, ces bestioles.
Tata Zabelle s’assit sur un tabouret bancal, croisant les jambes, son pied nu orné d’un anneau d’argent terni. Son tablier fleuri bruissa, libérant une bouffée de sauge et de miel sauvage. Elle leva l’araignée près de son visage, ses lèvres fines esquissant un sourire qui creusa des rides profondes.
— C’est amusant, murmura-t-elle, tapotant son menton d’un doigt. Toujours ce réflexe : ce qui te fait peur, tu veux le détruire. Comme si la peur justifiait l’effacement.
Ses doigts guidèrent l’araignée le long de son index, traçant des arabesques lentes, comme si elle tissait elle-même une toile invisible.
— Tu vois, Grignotte, cette petite-là est une Tisseuse de Destinées.
— Une quoi ?
— Laisse-moi te raconter…
Bien avant que les hommes n’écrivent leur histoire à l’encre noire, les Tisseuses de Destinées brodaient le monde de leurs fils invisibles. Chaque rencontre, chaque souvenir, chaque promesse oubliée devenait une maille dans leur ouvrage secret. Sans elles, les rêves s’effilocheraient, les souvenirs se dissiperaient comme buée au matin.
Mais elles étaient discrètes, trop discrètes. Leur art se suspendait aux recoins sombres, aux interstices du visible. Alors, les cœurs pressés prirent peur. Face à l’inconnu, ils frappèrent, comme toi, petit krapouk.
Pourtant, savais-tu que les premiers contes sont nés de leurs toiles ? Que sans elles, les histoires s’écrouleraient comme des châteaux de sable sous la pluie ?
Grignotte s’était tassé, ses épaules voûtées, ses griffes grattant le sol en sillons hésitants. Ses oreilles, plaquées, frémirent légèrement, et ses yeux d’ambre clignèrent, comme pour chasser une pensée inconfortable.
— Mais… pourquoi j’ai peur, alors ? Je ne veux pas détruire les histoires…
Tata Zabelle ferma les yeux un instant, ses paupières ridées tremblant comme si elle voyait ces contes flotter devant elle. Elle enroula une mèche argentée autour de son doigt, un geste de rêverie.
— La peur n’est pas une faute, mon petit. C’est un miroir. Elle te renvoie à ce que tu ignores en toi-même. Mais frapper par peur, c’est choisir l’ignorance par confort.
Elle rapprocha l’araignée de ses yeux clairs, ses bracelets de perles et de coquillages tintant doucement.
— Détruire ce qui t’effraie, c’est comme fermer les yeux en croyant éteindre la nuit.
Grignotte, d’ordinaire si vif, restait coi. Il s’approcha à pas feutrés, ses pattes effleurant le sol avec un soin inhabituel. Son corps, tendu comme un arc, s’assouplit, et il s’accroupit, museau frémissant près du fil de soie. Ses yeux plissés suivaient la danse délicate de l’araignée, qui tissait une rosace sur le rebord d’un flacon. Ses moustaches tremblaient comme des antennes captant un murmure ancien.
— Regarde comme elle tisse, chuchota Tata Zabelle, inclinant la tête, ses boucles d’oreilles tintant comme des clochettes. Chaque spirale est une passerelle entre les souvenirs. Elle raccommode peut-être un rêve oublié. Ou tisse le pont d’une rencontre à venir.
Grignotte redressa les oreilles, ses griffes se rétractant doucement. La petite créature, loin d’être une menace, lui apparaissait comme une artisane patiente, bâtisseuse d’un monde plus subtil que le sien.
— Elle n’a pas cherché à me faire peur, conclut-il, sa voix plus basse, presque un murmure.
— Non, c’est ton regard qui s’est cabré. La peur est un choix de regard, pas une faute de l’autre.
Un silence cotonneux s’installa. Au-dehors, la brume se déchirait sur les branches, et la chaumière respirait au rythme apaisé de la forêt. Grignotte s’étira, sa queue s’enroulant en une courbe paresseuse, et il observa l’araignée longuement, comme on écoute un secret.
— Je crois que je comprends, Tata. Ce qui me fait peur, c’est ce qui me rappelle que je ne comprends pas tout.
Tata Zabelle tapota sa tête velue, ses doigts chauds et calleux glissant dans son pelage avec une douceur de cuir patiné.
— Voilà qui est bien dit, mon petit. C’est précisément là que naît la sagesse.
Elle se leva, cueillant des herbes au parfum de sous-bois, ses bracelets cliquetant doucement.
— Viens, il est temps de préparer la tisane de la réconciliation. Celle qui adoucit le regard et dilue les peurs mal tissées.
Grignotte suivit, sa démarche légère, sa queue ondulant comme un roseau dans le vent.
L’araignée, indifférente, poursuivit son ouvrage, fidèle à sa mission : relier les fils épars d’un monde à raccommoder.
Ce soir-là, sous la lumière vacillante des lucioles, la chaumière semblait flotter dans une bulle de sérénité. Tata Zabelle, lovée dans un fauteuil de bois sculpté, berçait Grignotte assoupi sur ses genoux. Ses doigts noueux traçaient des cercles apaisants dans son pelage, et une pipe d’argile, pendait au coin de ses lèvres, tapotée du bout de l’ongle. Ses yeux mi-clos reflétaient les lueurs dansantes, et son visage, ridé comme une écorce, rayonnait d’une paix intemporelle. Les toiles d’araignées, loin d’être balayées, scintillaient comme des constellations captives.
Elle chuchota à Grignotte, sa voix un murmure de vent dans les feuilles :
— Souviens-toi, petit nuage de suie. La beauté se cache souvent sous le masque de l’effroi. Prends garde à tes jugements trop prompts : parfois, c’est ton propre reflet que tu tentes d’écraser.
Dans le silence ouaté de la nuit, une minuscule araignée poursuivait son filigrane de soie, patiente et discrète, tisseuse d’un monde où chaque peur mériterait d’être regardée en face.
Depuis ce jour, dans la clairière oubliée, chaque fil d’araignée fut regardé comme une promesse discrète : celle d’un monde moins brutal, plus attentif. Et les voyageurs qui osaient lever les yeux y découvraient, suspendus dans la lumière, des fragments d’eux-mêmes qu’ils croyaient perdus
Merlin et sa Fée
Il était un temps où la Terre respirait au rythme du chant des peuples invisibles.
Sur les sentiers de Brocéliande, là où la brume s’attarde comme un vieux souvenir, certains savent encore percevoir ce que l’Histoire a cru éteindre. Les Hommes, dans leur aveuglement, ont altéré et façonné ce monde à leur image, oubliant l’harmonie qui y régnait autrefois, mais à l’ombre de leurs pas résonne encore l’écho d’autres présences. Elfes, fées, korrigans… ces êtres magiques ont appris à se fondre dans le silence, dissimulés sous l’écorce d’un arbre, derrière un menhir ou une racine. Ce que le regard n’aperçoit plus, le cœur de l’enfant le devine encore.
Aujourd'hui, ce sont les breuvages qui chuchotent à qui sait tendre l'oreille. Chaque gorgée devient un pont tendu entre ce monde et celui que les yeux oublient. On dit que ces potions ne sont pas de simples infusions, mais des reliques d’un temps où l’harmonie liait l’homme à la nature. Dans chaque tasse, il y a un secret, une promesse, celle de renouer avec le Petit Peuple qui se cache encore sous nos pieds, à la frontière de l’invisible.
Je suis Merlin, ou Merzhin en langue bretonne. Des années en arrière, lorsque la forêt était encore plus dense que la mémoire, j’ai rencontré une fée, fragile et blessée par la cruauté des hommes. Ensemble, dans l'intimité des clairières et autour de potions aux parfums enivrants, nous avons guéri nos cœurs et partagé des récits d'antan. Ses breuvages portaient en eux des secrets oubliés.
De ces instants sont nées "Les Potions de Merlin." Plus que de simples boissons, elles sont des portes vers un univers que la raison n’ose plus explorer. Chaque composition raconte une histoire, capture l'essence d'une légende et murmure une vérité cachée. Aujourd'hui, je t’invite, voyageur, à écouter ces récits. Installe-toi. Respire. Laisse-toi emporter.
Le monde moderne ne croit plus en la magie, mais peut-être sauras-tu, toi, retrouver cet émerveillement, ne serait-ce qu’un instant. Car au fond de ta tasse, quelque part entre la première et la dernière gorgée, se cache l'âme d'une fée.
Merlin
À l'orée des grands chênes et des brumes éternelles, une maison de bois respire au rythme de la forêt.
Au cœur du Morbihan, là où la forêt se fait refuge, nous avons ancré notre existence dans une maison de bois, abritée sous les chênes. C’est ici, à l’orée des légendes, que notre petite entreprise familiale a pris racine, nourrie par l’âme bretonne qui imprègne nos cœurs. La Bretagne n’est pas simplement la terre que nous habitons ; elle est un souffle, une mémoire, une âme ancienne qui résonne en nous.
Ce n’est pas un hasard si les mystères de cette région se sont révélés à nous. Autour d’une tasse de chocolat fumant, d’une infusion rare, ou d’un thé dont les notes rappellent des temps oubliés, la légende est venue à nous. Elle s’est glissée dans les paroles d’un conteur, s’est murmurée dans la confidence d’un ami connaissant des sentiers cachés. Peu à peu, elle a pris forme, nous entraînant dans une quête silencieuse, à la recherche de notre propre Graal : un lien intime avec le "Petit Peuple", ces gardiens invisibles des secrets de Brocéliande.
Convaincus que la vraie richesse réside dans le partage, en 2022, nous avons fait le choix de dédier notre passion à la découverte et à la transmission de breuvages d’exception. Chaque gorgée que nous offrons est une invitation à renouer avec un monde ancien, celui où la terre et l’homme respiraient en harmonie, où les légendes faisaient vibrer les cœur.