Pour toute commande de 40€ ou plus, profite de 10% de réduction avec le code "folie"
Les formes du ciel
Il s’était couché là, sans y penser, comme on s’effondre après une lutte sans fin. La mousse tiède l’enveloppait, douce contre sa peau rugueuse, brune comme la terre crevassée. L’herbe, souple, semblait une toison tissée de lumière, caressant sa silhouette frêle – à peine plus grande qu’un enfant humain, bien loin des trolls massifs de son clan. Au-dessus, le ciel s’ouvrait, vaste et silencieux.
Mograal cligna ses yeux verts pâles, presque luminescents, qui captaient les reflets du monde. Il n’avait pas l’habitude de fixer quoi que ce soit sans chercher à le comprendre, à s’en méfier, à s’en défendre. Mais les nuages… Ils ne demandaient rien. Ils glissaient, dansaient lentement dans l’océan bleu, indifférents à tout.
Un vent de printemps courait sur les collines, chargé d’odeurs de pierre chaude, de pollen et d’eaux cachées. Il effleurait le front large, apaisait les sillons de sa peau, soulevait à peine ses cheveux rêches. Ses mains épaisses, reposaient inertes sur l’herbe.
C’était étrange, cette paix.
La clairière vibrait d’une vie discrète : insectes traçant leurs arabesques invisibles, oiseaux piquant l’air de notes légères. Le monde n’exigeait rien. Il était là, patient, respirant.
Mograal soupira, ferma les yeux, les rouvrit. Une tortue géante, cotonneuse, flottait dans le ciel, avançant avec une lenteur majestueuse. Il la fixa, ses lèvres épaisses esquissant un sourire timide, un calme profond niché au creux de son ventre.
— Une tortue… murmura-t-il, le mot roulant dans sa bouche comme un galet poli.
Puis, une autre forme : un hippocampe, un champignon, un visage – celui d’un ancien, ou peut-être d’un enfant. Les nuages se faisaient et se défaisaient, comme des pensées qu’on laisse aller librement.
Ce ciel ne jugeait pas. Il offrait.
Depuis combien de temps ne m’étais-je pas arrêté ?
Depuis quand n’avais-je pas levé les yeux, sans hâte, sans peur ?
Une pensée germa, lente, lourde comme une graine :
Si les nuages peuvent changer, moi aussi, peut-être.
Quand tout bascula, il ne sut dire pourquoi. Un souffle plus tiède ? Ce nuage spiralé, tournoyant comme une danseuse de brume ? Ou cette sensation étrange : son corps restait dans l’herbe, mais son esprit s’élevait, léger, suivant les formes du ciel.
Il flottait. Ses pas ne pesaient rien sur une mer d’ouate mouvante. Chaque foulée déformait la surface, comme un rêve qu’on effleure. Tout était lumière – douce, sans source, baignant l’espace, révélant des formes dans les plis du ciel.
Une silhouette de dessina : une horloge immense, suspendue dans le vide. Son balancier frappait l’air. Tic. Tac. Tic. Tac. Devant, des créatures floues, grises, couraient en cercle, poursuivant les aiguilles.
— Pourquoi courent-elles ? demanda Mograal.
Une voix lasse répondit :
— Elles ne veulent pas être en retard.
Un vieil oiseau, au plumage terne, perché sur une branche née de nulle part, lisait un carnet minuscule, ses lunettes rondes glissant sur son bec.
— En retard pour quoi ?
— Pour tout. Pour rien. Parce qu’on leur a dit d’être à l’heure.
Mograal observa la course, ses yeux pleins d’une curiosité douce. Il n’avait jamais aimé courir. Son monde était lent, profond. Ici, tout allait trop vite, sans arriver nulle part.
Il marcha encore. Un funambule apparut, sur un fil de lumière tendu entre deux nuages. Il ne regardait jamais autour, toujours droit, vacillant au moindre doute.
— Il a oublié comment tomber, souffla l’oiseau, qui l’avait suivi.
— Pourquoi ne descend-il pas ?
— Il croit que c’est là-haut qu’il faut réussir.
Mograal sentit une fatigue ancienne se réveiller. Il n’avait jamais voulu réussir. Juste être.
Les nuages s’assombrirent, une pluie de souvenirs flous traversa l’air sans mouiller. Dans une clairière de brume, une figure apparut : un enfant, une vieille femme, ou… lui ? Elle changeait sans cesse, regardant le ciel, comme lui.
— Qui est-ce ?
L’oiseau s’était envolé. Le silence répondit.
Une pensée s’éleva, claire :
Ce monde court parce qu’il a oublié comment s’arrêter. Mais moi, j’ai vu.
Ses yeux s’ouvrirent. L’herbe était là, le vent tiède, le ciel immense. En lui, quelque chose avait bougé – une pierre retournée, révélant une mousse neuve, un ver endormi.
Il resta allongé, bras ouverts, sentant le poids léger de son corps frêle, la rugosité de sa peau, le rythme lent de son cœur.
Je suis vivant.
Pas un cri. Une évidence.
Les bruits de la clairière reprirent : un cri d’oiseau, un bruissement d’ailes. Tout était là, inchangé. Pourtant, il voyait autrement.
Ce nuage, là-haut, n’était plus vague. C’était une plume dorée, une goutte de rosée, un murmure de la forêt. Puis un escargot. Un arbre creux. Un œil.
Il sourit, ses dents tordues brillant doucement.
— Je suis redevenu lent, murmura-t-il, comme une promesse.
Bientôt, il faudrait se lever, rejoindre les autres, et livrer de nouveaux colis. Mais pas encore. Pas tout de suite. Il avait encore du ciel à contempler.
Il fredonna, une mélodie sans nom, venue des grottes ou du vent. Elle disait :
Tu es là. C’est tout.
Quand il se leva, le soleil frôlait les collines, dorant le monde. Il marcha jusqu’à un tronc creux, trouva un morceau de charbon noir, doux entre ses doigts délicats. Sur une pierre plate, il traça un cercle, ouvert, imparfait. Autour, une spirale, une courbe, un point. Rien de précis. Juste une trace.
Ceux qui passeraient verraient peut-être une forme, un murmure. Et peut-être lèveraient-ils les yeux.
Il posa le charbon, reprit son chemin. L’herbe dansait sous ses pas.
Dans le ciel, un nuage s’était figé.
Il ressemblait à un troll frêle, allongé dans l’herbe, les yeux tournés vers l’infini.
Merlin et sa Fée
Il était un temps où la Terre respirait au rythme du chant des peuples invisibles.
Sur les sentiers de Brocéliande, là où la brume s’attarde comme un vieux souvenir, certains savent encore percevoir ce que l’Histoire a cru éteindre. Les Hommes, dans leur aveuglement, ont altéré et façonné ce monde à leur image, oubliant l’harmonie qui y régnait autrefois, mais à l’ombre de leurs pas résonne encore l’écho d’autres présences. Elfes, fées, korrigans… ces êtres magiques ont appris à se fondre dans le silence, dissimulés sous l’écorce d’un arbre, derrière un menhir ou une racine. Ce que le regard n’aperçoit plus, le cœur de l’enfant le devine encore.
Aujourd'hui, ce sont les breuvages qui chuchotent à qui sait tendre l'oreille. Chaque gorgée devient un pont tendu entre ce monde et celui que les yeux oublient. On dit que ces potions ne sont pas de simples infusions, mais des reliques d’un temps où l’harmonie liait l’homme à la nature. Dans chaque tasse, il y a un secret, une promesse, celle de renouer avec le Petit Peuple qui se cache encore sous nos pieds, à la frontière de l’invisible.
Je suis Merlin, ou Merzhin en langue bretonne. Des années en arrière, lorsque la forêt était encore plus dense que la mémoire, j’ai rencontré une fée, fragile et blessée par la cruauté des hommes. Ensemble, dans l'intimité des clairières et autour de potions aux parfums enivrants, nous avons guéri nos cœurs et partagé des récits d'antan. Ses breuvages portaient en eux des secrets oubliés.
De ces instants sont nées "Les Potions de Merlin." Plus que de simples boissons, elles sont des portes vers un univers que la raison n’ose plus explorer. Chaque composition raconte une histoire, capture l'essence d'une légende et murmure une vérité cachée. Aujourd'hui, je t’invite, voyageur, à écouter ces récits. Installe-toi. Respire. Laisse-toi emporter.
Le monde moderne ne croit plus en la magie, mais peut-être sauras-tu, toi, retrouver cet émerveillement, ne serait-ce qu’un instant. Car au fond de ta tasse, quelque part entre la première et la dernière gorgée, se cache l'âme d'une fée.
Merlin
À l'orée des grands chênes et des brumes éternelles, une maison de bois respire au rythme de la forêt.
Au cœur du Morbihan, là où la forêt se fait refuge, nous avons ancré notre existence dans une maison de bois, abritée sous les chênes. C’est ici, à l’orée des légendes, que notre petite entreprise familiale a pris racine, nourrie par l’âme bretonne qui imprègne nos cœurs. La Bretagne n’est pas simplement la terre que nous habitons ; elle est un souffle, une mémoire, une âme ancienne qui résonne en nous.
Ce n’est pas un hasard si les mystères de cette région se sont révélés à nous. Autour d’une tasse de chocolat fumant, d’une infusion rare, ou d’un thé dont les notes rappellent des temps oubliés, la légende est venue à nous. Elle s’est glissée dans les paroles d’un conteur, s’est murmurée dans la confidence d’un ami connaissant des sentiers cachés. Peu à peu, elle a pris forme, nous entraînant dans une quête silencieuse, à la recherche de notre propre Graal : un lien intime avec le "Petit Peuple", ces gardiens invisibles des secrets de Brocéliande.
Convaincus que la vraie richesse réside dans le partage, en 2022, nous avons fait le choix de dédier notre passion à la découverte et à la transmission de breuvages d’exception. Chaque gorgée que nous offrons est une invitation à renouer avec un monde ancien, celui où la terre et l’homme respiraient en harmonie, où les légendes faisaient vibrer les cœur.