Pour toute commande de 40€ ou plus, profite de 10% de réduction avec le code "folie"
Les épines et la plume
La nuit s’étendait sur la forêt, silencieuse et profonde, et l’air portait encore l’odeur d’un orage lointain. Nyx volait bas, son corps effleurant les courants d’air chaud qui s’échappaient du sol humide. Son cœur était encore serré par la détresse du hérisson qu’elle avait quitté quelques heures plus tôt.
C’est alors qu’elle l’aperçut.
Blotti entre les racines d’un vieux chêne, un jeune renard tremblait. Son museau était gonflé, meurtri par les piquants qui s’y étaient plantés, et il léchait sa patte avant d’un air las, comme pour oublier la douleur.
Nyx, en voyant cette scène, sentit une colère sourde monter en elle.
Elle battit des ailes plus fort et se posa sur une branche au-dessus du renard, le regard flamboyant.
— Alors, c’est toi, le bourreau.
Le renard releva la tête d’un sursaut, les oreilles couchées en arrière.
— Qui va là ? grogna-t-il faiblement, avant de poser les yeux sur Nyx.
Mais la chauve-souris ne lui laissa pas le temps de répondre.
— Je t’ai vu attaquer un hérisson sans défense. Je l’ai entendu pleurer, seul dans la nuit.
Le renard tressaillit, détournant les yeux.
— Tu es venue me punir ? demanda-t-il, résigné, la voix rauque.
Nyx le fixa, troublée par cette réaction. Elle s’attendait à une défense, à une justification… pas à cette lassitude.
— Je n’ai pas ce pouvoir, répondit-elle, plus doucement. Mais je peux te dire ce que je pense.
Le renard renifla, baissant le museau.
— Oh, je sais ce que tu penses.
Nyx resta suspendue à ses mots.
— Tout le monde pense la même chose de moi. continua-t-il d’une voix lasse. Les humains me chassent. Les chiens me poursuivent. Les autres bêtes me fuient. Même mes semblables, plus vieux, plus forts, m’ont chassé de leur territoire. Je suis un voleur, un rôdeur. Un nuisible.
Il rit sans joie, un rire brisé.
— Tu crois que c’est la première fois qu’on me regarde avec mépris ?
Nyx entrouvrit la bouche, sans trouver quoi répondre.
— Les renards n’ont pas d’amis, continua-t-il, le regard perdu dans l’obscurité. Personne ne cherche à comprendre pourquoi on vole une poule, pourquoi on attaque un hérisson. On nous voit. On nous juge. Et c’est tout.
Un silence tomba.
Nyx sentit son cœur se serrer. Elle voulait lui dire qu’il exagérait, que le monde n’était pas aussi injuste… mais pouvait-elle vraiment lui prouver le contraire ?
L’image du hérisson blessé lui revint en mémoire, et avec elle, une autre pensée plus troublante.
Le hérisson avait souffert. Il avait eu peur. Mais ce renard-là… souffrait-il moins ?
Elle soupira et détendit ses ailes.
— Tu as faim, dit-elle simplement.
Le renard ne répondit pas. Il détourna le regard, honteux.
Nyx s’approcha lentement, osant briser un peu la distance.
— Tu as mal.
Le renard grimaça.
— Et tu es seul.
Il serra les mâchoires.
Un long silence s’étira entre eux, plus pesant encore que la nuit.
Puis, à voix basse, Nyx souffla :
— Je crois que je t’ai jugé trop vite.
Le renard tourna vers elle un regard fatigué, mais surpris.
— Pourquoi tu dis ça ?
La chauve-souris baissa la tête.
— Parce que je ne voulais voir en toi qu’un ennemi. Mais maintenant… je vois autre chose.
Le renard, pour la première fois, sembla vaciller.
Il ne répondit pas.
Et dans le ciel noir, les étoiles brillaient doucement, patientes et éternelles.
Le silence s’étirait entre eux, épais comme la brume d’un matin d’automne. Nyx n’avait jamais vraiment prêté attention aux renards avant cette nuit-là. Elle les connaissait à travers les récits de la forêt, ces histoires où ils jouaient toujours le rôle du rusé, du voleur, du traître… mais jamais elle n’avait imaginé un renard tremblant, blessé, seul.
Le renard détourna les yeux, creusant la terre du bout de sa patte.
— Pourquoi tu restes là ? grogna-t-il après un moment.
Nyx plia ses ailes contre son corps.
— Parce que je t’écoute.
Le renard s’immobilisa.
Il ouvrit la gueule, referma les mâchoires. Il renifla bruyamment, comme pour chasser un chatouillement gênant dans son museau.
— C’est une blague ? lâcha-t-il enfin. Depuis quand quelqu’un écoute un renard ?
Nyx ne répondit pas.
Le renard rit, un petit rire nerveux, étranglé.
— On m’a déjà parlé, oui… mais jamais pour écouter. Il releva la tête, fixant la chauve-souris avec un mélange de défi et d’incrédulité. On m’a crié dessus quand j’ai osé fouiner près d’un poulailler. On m’a jeté des pierres quand j’ai osé approcher un jardin. On m’a chassé de ma propre famille parce que je n’étais pas assez fort pour mériter ma place.
Sa voix se brisa sur ces derniers mots.
Nyx sentit quelque chose se tordre en elle.
— Et moi, je t’ai jugé sans même connaître ton histoire, admit-elle doucement.
Le renard secoua la tête, agacé.
— Qu’est-ce que ça change ? Je suis un renard. Je vole. Je chasse. C’est tout ce qu’on voit de moi.
Ses griffes s’enfoncèrent dans la terre, et sa voix trembla d’une colère contenue.
— Mais tu crois que je voulais faire ça ? Tu crois que j’aime cette vie ? Tu sais depuis combien de jours je n’ai rien mangé ?
Nyx retint son souffle.
— J’avais faim, souffla-t-il. J’étais faible. J’ai vu une proie… et j’ai attaqué.
Il baissa la tête.
— Mais j’ai échoué. Encore.
Sa respiration s’accéléra, plus saccadée. Il secoua la tête, comme pour s’éloigner d’un souvenir douloureux.
— J’ai mal… Il posa une patte tremblante sur son museau meurtri. J’ai peur… Il releva les yeux vers Nyx, et cette fois, son regard était trouble. Et j’en ai assez.
Une larme roula lentement sur sa joue.
Nyx sentit son propre cœur vaciller.
Le renard détourna vite la tête, honteux. Il renifla bruyamment, cligna des yeux pour chasser les larmes.
— Tss… fit-il d’une voix rauque. Un renard ne pleure pas.
Nyx s’approcha encore, jusqu’à n’être plus qu’à quelques battements d’ailes de lui.
— Pourquoi pas ? demanda-t-elle doucement.
Le renard ne répondit pas.
Il fixa le sol, respirant fort, les épaules tremblantes.
Et dans cette nuit noire, où tout semblait figé dans une indifférence cruelle, Nyx fit quelque chose qu’elle n’aurait jamais cru possible.
Elle tendit son aile, si légère, si fragile… et la posa sur le museau meurtri du renard.
Ce dernier tressaillit.
Puis il ferma les yeux, et dans un souffle, il laissa tomber enfin la douleur qu’il portait depuis trop longtemps.
Nyx resta là un instant, son aile frémissante posée contre le museau du renard, jusqu’à ce qu’elle sente sa respiration ralentir. Puis elle se redressa doucement.
— Attends-moi ici.
Le renard ouvrit les yeux, surpris.
— Où vas-tu ?
— Chercher de l’aide.
Le renard grimaça.
— Je n’ai pas besoin d’aide.
Nyx pencha la tête, son regard perçant plongé dans le sien.
— Si. Et ce n’est pas une honte.
Le renard détourna les yeux, mais ne protesta pas davantage. Il était trop épuisé, trop endolori pour se battre contre cette étrange créature qui, pour une raison qui lui échappait, refusait de le voir comme un ennemi.
Alors Nyx s’envola.
Elle fendit la nuit, son corps léger comme une ombre glissant entre les branches. Elle savait exactement où aller.
Petite Plume ne dormait jamais vraiment.
Dans sa clairière, là où l’air sentait la vanille et le bois chaud, elle était assise sous un vieux chêne, une tasse d’infusion entre les mains, les yeux levés vers les étoiles. Elle accueillit Nyx d’un sourire.
— Tu as l’air agitée, petite sœur de la nuit. Que viens-tu me raconter ?
Nyx se posa à ses côtés et lui expliqua tout.
Le hérisson blessé, le renard affamé, l’attaque, les larmes…
Petite Plume écouta en silence, son regard doux et profond caressant les ombres des mots de Nyx.
— Alors il a pleuré… murmura-t-elle.
Nyx hocha la tête.
— Et il est seul. Il croit que tout le monde le déteste.
Petite Plume posa sa tasse et se leva.
— Alors allons lui prouver le contraire.
...
Quand elles arrivèrent à la lisière des bois, le renard était toujours là, recroquevillé contre une racine noueuse. Il avait cessé de trembler, mais il était toujours sur ses gardes.
Et quand il aperçut Petite Plume, il recula aussitôt, dévoilant les crocs.
— Non. Pas elle.
Son regard brillait d’une lueur méfiante et farouche.
— Je ne fais pas confiance aux humains.
Petite Plume s’agenouilla doucement, sans faire un geste brusque.
— Je ne suis pas une humaine. Je suis Petite Plume.
Le renard plissa les yeux.
— C’est pareil. Vous chassez les renards. Vous nous accusez de tous les maux.
Petite Plume inclina la tête.
— Tous les humains ne sont pas ainsi. Comme tous les renards ne sont pas des voleurs sans cœur.
Le renard ne répondit pas, mais sa queue cessa de frémir nerveusement.
Petite Plume tendit lentement la main.
— Laisse-moi t’aider.
Le renard hésita. Puis il sentit la douleur cuisante de sa truffe meurtrie, et son regard se troubla à nouveau.
Doucement, prudemment, il avança d’un pas.
Petite Plume ne bougea pas.
Il avança encore… et se laissa finalement glisser contre elle, sa truffe douloureuse tout près de ses genoux.
Petite Plume tendit la main et, d’un geste infiniment délicat, elle commença à retirer les piquants plantés dans sa chair.
Le renard retint un gémissement.
— Ça pique… murmura-t-il.
— Je sais, répondit Petite Plume. Mais après, ça ira mieux.
Lentement, méthodiquement, elle retira chaque épine, et avec elles, elle effaça un peu de cette douleur invisible que le renard portait en lui depuis si longtemps.
Quand elle eut fini, elle posa une main sur sa tête.
— Tu vois ? Ce n’est pas si effrayant, de se laisser aider.
Le renard la fixa longuement, le souffle court. Puis il ferma les yeux et, pour la première fois depuis des jours, il s’autorisa à se détendre.
Nyx s’approcha et se posa sur une branche au-dessus d’eux.
— Et maintenant, qu’est-ce que tu vas faire ? demanda-t-elle.
Le renard ouvrit les yeux, réfléchit.
— Je ne sais pas.
Petite Plume sourit.
— Alors commence par une chose simple. Mange quelque chose, repose-toi. Et demain, tu décideras.
Elle sortit une petite besace et en tira un morceau de pain aux noisettes.
Le renard hésita.
Puis il le prit entre ses crocs et le mâcha lentement.
C’était la première fois qu’un humain lui offrait de la nourriture… sans rien attendre en retour.
C’était la première fois qu’il se sentait… accepté.
Et alors qu’il mâchait, le regard perdu dans le feuillage au-dessus de lui, il se demanda si, peut-être, le monde n’était pas aussi simple qu’il l’avait toujours cru.
Peut-être… que tout n’était pas noir ou blanc.
Peut-être que certaines frontières pouvaient s’effacer.
Nyx observa la scène, le cœur étrangement léger.
La forêt était toujours la même. Mais, quelque part, dans la nuit, une chose avait changé.
Une ombre de moins.
Un cœur de plus.
Et dans l’obscurité, une petite flamme venait de naître.
Nyx observa le renard qui mâchait lentement son morceau de pain, ses yeux pleins d’un étrange mélange de fatigue et d’apaisement. Petite Plume, elle, restait silencieuse, une main posée sur son genou, contemplant la forêt endormie.
Puis, au bout d’un long moment, la chauve-souris murmura :
— Pourquoi est-ce si facile de détester ?
Petite Plume tourna son regard vers elle, un éclat de tristesse flottant dans ses prunelles.
— Parce que c’est plus simple que de comprendre.
Le renard redressa la tête.
— Mais pourquoi tout le monde me hait ?
Sa voix n’avait plus la rage d’avant. Juste une lassitude infinie.
Petite Plume prit une grande inspiration.
— Quand on a peur, on construit des murs autour de soi. On se protège derrière des histoires qu’on se raconte, des jugements qu’on fabrique. "Les renards volent, les humains chassent, les chauves-souris portent malheur." C’est plus facile de mettre des étiquettes que de voir ce qui se cache derrière.
Le renard baissa les yeux.
— Alors moi, je suis coincé derrière ces murs ?
Nyx secoua la tête.
— Non. Ce soir, tu as fait une brèche dans l’un d’eux. Et Petite Plume t’a tendu la main à travers.
Petite Plume sourit doucement.
— Les humains font la même chose entre eux. Ils s’inventent des ennemis, se divisent en clans, se regardent à travers les barreaux des préjugés. Ils oublient que derrière chaque silhouette, il y a une histoire. Une douleur. Un rêve.
Elle leva la tête vers le ciel où les étoiles scintillaient, insensibles aux querelles des vivants.
— Mais parfois, il suffit d’un instant, d’un regard, d’une main tendue… Et les murs s’effondrent.
Nyx hocha la tête, son cœur gonflé d’une émotion étrange.
Le renard, lui, ne répondit pas. Mais son regard, troublé et brillant, était celui d’un être qui venait d’entrevoir une autre façon de voir le monde.
Et peut-être… juste peut-être… qu’un jour, il finirait par croire que la magie existait vraiment.
Pas celle des sortilèges ou des potions.
Mais celle qui naît lorsqu’un être en aide un autre.
Et que la peur cède enfin la place à la lumière.
Merlin et sa Fée
Il était un temps où la Terre respirait au rythme du chant des peuples invisibles.
Sur les sentiers de Brocéliande, là où la brume s’attarde comme un vieux souvenir, certains savent encore percevoir ce que l’Histoire a cru éteindre. Les Hommes, dans leur aveuglement, ont altéré et façonné ce monde à leur image, oubliant l’harmonie qui y régnait autrefois, mais à l’ombre de leurs pas résonne encore l’écho d’autres présences. Elfes, fées, korrigans… ces êtres magiques ont appris à se fondre dans le silence, dissimulés sous l’écorce d’un arbre, derrière un menhir ou une racine. Ce que le regard n’aperçoit plus, le cœur de l’enfant le devine encore.
Aujourd'hui, ce sont les breuvages qui chuchotent à qui sait tendre l'oreille. Chaque gorgée devient un pont tendu entre ce monde et celui que les yeux oublient. On dit que ces potions ne sont pas de simples infusions, mais des reliques d’un temps où l’harmonie liait l’homme à la nature. Dans chaque tasse, il y a un secret, une promesse, celle de renouer avec le Petit Peuple qui se cache encore sous nos pieds, à la frontière de l’invisible.
Je suis Merlin, ou Merzhin en langue bretonne. Des années en arrière, lorsque la forêt était encore plus dense que la mémoire, j’ai rencontré une fée, fragile et blessée par la cruauté des hommes. Ensemble, dans l'intimité des clairières et autour de potions aux parfums enivrants, nous avons guéri nos cœurs et partagé des récits d'antan. Ses breuvages portaient en eux des secrets oubliés.
De ces instants sont nées "Les Potions de Merlin." Plus que de simples boissons, elles sont des portes vers un univers que la raison n’ose plus explorer. Chaque composition raconte une histoire, capture l'essence d'une légende et murmure une vérité cachée. Aujourd'hui, je t’invite, voyageur, à écouter ces récits. Installe-toi. Respire. Laisse-toi emporter.
Le monde moderne ne croit plus en la magie, mais peut-être sauras-tu, toi, retrouver cet émerveillement, ne serait-ce qu’un instant. Car au fond de ta tasse, quelque part entre la première et la dernière gorgée, se cache l'âme d'une fée.
Merlin
À l'orée des grands chênes et des brumes éternelles, une maison de bois respire au rythme de la forêt.
Au cœur du Morbihan, là où la forêt se fait refuge, nous avons ancré notre existence dans une maison de bois, abritée sous les chênes. C’est ici, à l’orée des légendes, que notre petite entreprise familiale a pris racine, nourrie par l’âme bretonne qui imprègne nos cœurs. La Bretagne n’est pas simplement la terre que nous habitons ; elle est un souffle, une mémoire, une âme ancienne qui résonne en nous.
Ce n’est pas un hasard si les mystères de cette région se sont révélés à nous. Autour d’une tasse de chocolat fumant, d’une infusion rare, ou d’un thé dont les notes rappellent des temps oubliés, la légende est venue à nous. Elle s’est glissée dans les paroles d’un conteur, s’est murmurée dans la confidence d’un ami connaissant des sentiers cachés. Peu à peu, elle a pris forme, nous entraînant dans une quête silencieuse, à la recherche de notre propre Graal : un lien intime avec le "Petit Peuple", ces gardiens invisibles des secrets de Brocéliande.
Convaincus que la vraie richesse réside dans le partage, en 2022, nous avons fait le choix de dédier notre passion à la découverte et à la transmission de breuvages d’exception. Chaque gorgée que nous offrons est une invitation à renouer avec un monde ancien, celui où la terre et l’homme respiraient en harmonie, où les légendes faisaient vibrer les cœur.