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Le secret du temps
Le jardin s’étirait sous les dernières lueurs du jour, baigné d’un silence tissé d’herbes frémissantes. Entre les allées de plantes alchimiques et les vasques où l’eau miroitait d’un éclat d’argent, flottait encore l’odeur des potions du jour. Merlin avait travaillé sans relâche, pesant l’invisible, distillant des songes, emprisonnant l’instant dans des fioles de cristal.
À présent, il était assis sur une souche noueuse, le regard perdu dans le grand sablier suspendu à une branche de chêne. Le sable, d’un bleu profond, s’écoulait avec la lenteur d’un fleuve ancien. Merlin suivait cette chute d’un œil grave.
— Toujours en train d’observer le temps ? lança Grisouille, perchée sur un tonneau de baies séchées.
Le vieux magicien esquissa un sourire en l’entendant.
— Le temps ne se laisse pas observer, Grisouille. Il se devine.
La chatte roula des yeux.
— Moi, je le vois très bien, et si je me fie à mon estomac, il est déjà tard.
Plus loin, un bruit de sabots annonça l’arrivée de Colly et Cymo, haletantes après une journée de livraisons.
— Merlin ! On a traversé trois rivières et bravé une tempête pour livrer tes potions à temps !
— Une tempête ? releva Grisouille. Vous exagérez toujours.
— Bon… une brise un peu forte, avoua Colly. Mais ce n’est pas la question ! On a filé comme le vent … tandis que Mograal, lui, ne se presse jamais.
Tous se tournèrent vers le petit troll. Assis sur une pierre plate, les pieds nus dans la mousse, il soufflait doucement sur un pissenlit, regardant les aigrettes s’éparpiller dans le crépuscule. Il paraissait hors du monde, absorbé par la danse invisible du vent.
Cymo soupira.
— Lui, il ne sait même pas que la journée est finie.
Merlin observait Mograal avec une lueur songeuse.
— Il ne la termine pas, il l’étire.
Les licornes, la chatte et le troll n’étaient pas sûrs de comprendre. Mais Merlin n’expliqua pas. Il se leva, tapota la souche comme s’il y laissait un secret, puis se dirigea vers la grande arche de lierre.
— Venez, mes amis. Ce soir, nous allons parler du temps… et de ce que nous en faisons.
Grisouille sauta lestement de son tonneau.
— Tant qu’on parle en mangeant, ça me va.
Merlin sourit, et tous le suivirent à travers le jardin aux ombres allongées.
Autour du grand chaudron, la nuit s’était invitée en silence. Les lanternes suspendues aux branches diffusaient une lueur douce. Une théière fumait doucement sur une pierre plate, répandant un parfum d’épices et de fruits mûrs.
Grisouille, en équilibre sur une poutre de bois, observait tout ce petit monde d’un œil sceptique.
— Donc, on est censés philosopher sur le temps ?
Merlin versa une infusion dans un gobelet d’étain et le tendit à Mograal, qui le prit avec précaution.
— Non, Grisouille. On est censés l’écouter.
La chatte soupira, mais ne répliqua pas.
Colly, encore trempée de sa course sous la pluie, secoua sa crinière.
— Moi, je sais ce qu’est le temps. C’est ce qui nous poursuit sans cesse, ce qui nous oblige à galoper de plus en plus vite. Chaque claquement de sabots, chaque battement de cœur, il est là, derrière nous, et il nous pousse.
Cymo hocha la tête.
— Oui, et pourtant, il n’est jamais assez long. Il y a toujours une autre livraison, une autre route, et on aimerait parfois qu’il nous attende…
Grisouille bâilla, étirant ses griffes sur une poutre.
— Pff… Le temps, c’est simple. C’est un ennemi. Il nous vole les repas, les siestes, et il arrive toujours trop vite quand on s’amuse.
Mograal, qui jusque-là avait écouté en silence, leva doucement les yeux vers les étoiles.
— Moi… je crois qu’il n’existe pas vraiment.
Les licornes et la chatte se tournèrent vers lui, interloquées.
— Pardon ? fit Grisouille.
Le petit troll secoua la tête, comme si les mots étaient trop grands pour lui.
— Je veux dire… on le sent quand on court. On le sent quand on attend. Mais quand je regarde un papillon, ou une goutte d’eau tomber d’une feuille… il disparaît. Il n’y a plus rien d’autre.
Un silence tomba sur le cercle. Seule la théière continuait à fredonner sa vapeur.
Merlin sourit doucement.
— Il y a autant de temps que de regards, murmura-t-il. Le tien se dilate, celui des licornes file, celui de Grisouille s’arrête là où commence son ventre.
Grisouille émit un petit miaulement faussement vexé.
— C’est une très bonne philosophie, j’approuve.
Mograal fronça les sourcils.
— Mais alors… Quel est le vrai temps, Merlin ? Celui des heures qui passent ou celui des instants qu’on attrape ?
Le vieux mage pencha la tête, comme s’il écoutait un murmure lointain.
— Peut-être que le seul vrai temps… c’est celui qu’on choisit de vivre.
Les mots flottèrent un moment dans l’air du jardin.
Puis Grisouille brisa le silence.
— C’est très beau, tout ça. Mais moi, là, tout de suite, je choisis de vivre l’instant où on mange du chocolat.
Les licornes éclatèrent de rire. Mograal sourit. Merlin hocha la tête, amusé.
— Alors vivons-le, Grisouille. Il serait dommage de perdre un instant aussi précieux.
Et sous la voûte étoilée, ils partagèrent chocolat, infusion et silence, chacun à son propre rythme, dans la danse infinie du temps.
La nuit était avancée, mais le jardin ne dormait pas encore. Les lucioles dansaient parmi les herbes hautes, dessinant de petites constellations éphémères. Au loin, un hibou appelait, sa voix ronde se mêlant au bruissement du vent.
Merlin, assis sur une pierre moussue, laissait son regard errer entre ses compagnons. Chacun avait sa propre cadence, son propre battement secret. Colly et Cymo, toujours prêtes à bondir, frémissaient au moindre bruit, impatientes de repartir. Mograal, lui, clignait lentement des yeux, savourant la tiédeur de la nuit comme un chat enroulé sur un rayon de soleil. Grisouille, fidèle à elle-même, oscillait entre indifférence et curiosité, le bout de sa queue remuant légèrement.
— Alors, reprit Merlin, que décidons-nous ?
Colly redressa la tête.
— De quoi ?
— Du temps, répondit le mage. S’il n’a pas une seule forme… s’il change pour chacun de nous… alors il ne tient qu’à nous de choisir comment nous voulons le traverser.
Cymo gratta le sol du sabot, songeuse.
— Moi, j’aime galoper. Sentir le vent dans ma crinière, la terre résonner sous mes sabots.
Colly hocha vivement la tête.
— Oui ! Peu importe où on va, ce qui compte, c’est le galop.
Mograal sourit.
— Moi, j’aime marcher. Voir chaque caillou, chaque reflet, écouter chaque feuille qui bouge.
Grisouille soupira.
— Moi, j’aime ne pas bouger du tout. Le monde peut bien s’agiter tant qu’il veut, moi, je reste au chaud.
Merlin hocha la tête.
— Alors il n’y a pas de mauvaise façon de traverser le temps… Il suffit de le faire à notre rythme.
Un silence paisible s’installa.
Puis, dans un souffle, Colly leva la tête vers le ciel.
— Merlin… Regarde.
Tous suivirent son regard. Une étoile filait entre les brumes nocturnes, traçant une route de lumière dans l’obscurité.
— Voilà, murmura Merlin, une belle leçon du temps. Il est parfois un galop fou, parfois une attente infinie, parfois un éclat qui disparaît avant qu’on ait pu le nommer…
Grisouille bailla, étirant ses pattes avec une grâce nonchalante.
— Parfois, c’est aussi juste l’heure de dormir.
Un éclat de rire parcourut le cercle.
Merlin se leva et posa doucement une main sur le cou de Colly, puis de Cymo.
— Allez, mes braves voyageuses. Prenez le repos qu’il vous faut. Demain, le temps vous offrira d’autres routes à parcourir.
Les licornes soufflèrent doucement, apaisées. Mograal se roula en boule sur un tapis de mousse. Grisouille sauta sur l’épaule de Merlin, le temps d’un dernier regard sur la nuit.
Et sous les étoiles filantes, le jardin s’endormit, emportant avec lui les heures perdues et celles encore à naître.
Merlin et sa Fée
Il était un temps où la Terre respirait au rythme du chant des peuples invisibles.
Sur les sentiers de Brocéliande, là où la brume s’attarde comme un vieux souvenir, certains savent encore percevoir ce que l’Histoire a cru éteindre. Les Hommes, dans leur aveuglement, ont altéré et façonné ce monde à leur image, oubliant l’harmonie qui y régnait autrefois, mais à l’ombre de leurs pas résonne encore l’écho d’autres présences. Elfes, fées, korrigans… ces êtres magiques ont appris à se fondre dans le silence, dissimulés sous l’écorce d’un arbre, derrière un menhir ou une racine. Ce que le regard n’aperçoit plus, le cœur de l’enfant le devine encore.
Aujourd'hui, ce sont les breuvages qui chuchotent à qui sait tendre l'oreille. Chaque gorgée devient un pont tendu entre ce monde et celui que les yeux oublient. On dit que ces potions ne sont pas de simples infusions, mais des reliques d’un temps où l’harmonie liait l’homme à la nature. Dans chaque tasse, il y a un secret, une promesse, celle de renouer avec le Petit Peuple qui se cache encore sous nos pieds, à la frontière de l’invisible.
Je suis Merlin, ou Merzhin en langue bretonne. Des années en arrière, lorsque la forêt était encore plus dense que la mémoire, j’ai rencontré une fée, fragile et blessée par la cruauté des hommes. Ensemble, dans l'intimité des clairières et autour de potions aux parfums enivrants, nous avons guéri nos cœurs et partagé des récits d'antan. Ses breuvages portaient en eux des secrets oubliés.
De ces instants sont nées "Les Potions de Merlin." Plus que de simples boissons, elles sont des portes vers un univers que la raison n’ose plus explorer. Chaque composition raconte une histoire, capture l'essence d'une légende et murmure une vérité cachée. Aujourd'hui, je t’invite, voyageur, à écouter ces récits. Installe-toi. Respire. Laisse-toi emporter.
Le monde moderne ne croit plus en la magie, mais peut-être sauras-tu, toi, retrouver cet émerveillement, ne serait-ce qu’un instant. Car au fond de ta tasse, quelque part entre la première et la dernière gorgée, se cache l'âme d'une fée.
Merlin
À l'orée des grands chênes et des brumes éternelles, une maison de bois respire au rythme de la forêt.
Au cœur du Morbihan, là où la forêt se fait refuge, nous avons ancré notre existence dans une maison de bois, abritée sous les chênes. C’est ici, à l’orée des légendes, que notre petite entreprise familiale a pris racine, nourrie par l’âme bretonne qui imprègne nos cœurs. La Bretagne n’est pas simplement la terre que nous habitons ; elle est un souffle, une mémoire, une âme ancienne qui résonne en nous.
Ce n’est pas un hasard si les mystères de cette région se sont révélés à nous. Autour d’une tasse de chocolat fumant, d’une infusion rare, ou d’un thé dont les notes rappellent des temps oubliés, la légende est venue à nous. Elle s’est glissée dans les paroles d’un conteur, s’est murmurée dans la confidence d’un ami connaissant des sentiers cachés. Peu à peu, elle a pris forme, nous entraînant dans une quête silencieuse, à la recherche de notre propre Graal : un lien intime avec le "Petit Peuple", ces gardiens invisibles des secrets de Brocéliande.
Convaincus que la vraie richesse réside dans le partage, en 2022, nous avons fait le choix de dédier notre passion à la découverte et à la transmission de breuvages d’exception. Chaque gorgée que nous offrons est une invitation à renouer avec un monde ancien, celui où la terre et l’homme respiraient en harmonie, où les légendes faisaient vibrer les cœur.