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Le secret des nimbelunes
Il neigeait doucement sur l’atelier des Potions. Une neige étrange, pareille à un murmure d’écume, formée non pas de glace, mais de fines peluches de bouleau, dorées comme les souvenirs qu’on croyait perdus. Elles virevoltaient autour des grandes vitres rondes, se déposant sur les tuiles chaudes du toit comme autant de promesses oubliées.
À l’intérieur, l’odeur chaude et sucrée d’une potion à la cerise s’élevait en volutes paresseuses, flottant entre les rayonnages de fioles anciennes et les herbiers endormis. Merlin, concentré, remuait le breuvage d’un geste lent, presque méditatif. Chaque tour de cuillère réveillait une nuance : un soupçon d’amande, une mémoire de bois chauffé, un éclat de groseille confite.
Puis, sans prévenir, le silence changea de texture.
La clochette suspendue au-dessus de la porte n’avait pas tinté, et pourtant, quelque chose avait bougé. Comme si le vent lui-même retenait son souffle.
La poignée tourna. La porte s’ouvrit.
Une silhouette apparut dans le rai pâle du jour.
Elle n’était pas humaine. Pas tout à fait. Sa taille oscillait entre celle d’un grand enfant et celle d’un renard dressé. Elle portait une cape trop grande pour elle, élimée aux bords, retenue par une broche en laiton gravée d’un croissant de lune. Sous la capuche, un museau fin, des oreilles légèrement inclinées, et de grands yeux humides, vastes comme les soirs d’hiver.
Merlin reconnut aussitôt cette essence rare.
Un Sylvenard.
On racontait que ce peuple discret était né de la rencontre entre les esprits des sous-bois et les derniers éclats d’imaginaire des enfants disparus trop tôt. Leur apparence mêlait la vivacité du renard à la tendresse inquiète de l’humain. Mains à quatre doigts, une fourrure aux reflets cendre et aubépine, et cette longue queue touffue qu’ils enroulaient autour d’eux quand le monde devenait trop lourd.
Leur pelage changeait selon leur état intérieur : doré quand la joie chantait encore en eux, gris quand l’espérance fanait. Et dans les cas les plus tristes… il devenait presque terne, comme une brume qui ne sait plus où danser.
Ce Sylvenard-là semblait jeune, mais fatigué. Et sur son épaule se tenait une luciole géante.
Haute comme une peluche précieuse oubliée dans un grenier enchanté, elle luisait doucement d’un vert d’eau pulsant, comme un cœur en veille. Son corps, fragile et translucide, était strié de veines d’or. Elle ne brillait pas : elle murmurait de la lumière. Une veilleuse vivante. Une lanterne d’âme.
— Bonjour, dit le Voyageur d’une voix rauque. Je m’appelle… enfin, je crois que je m’appelais Solen.
Merlin inclina la tête, sans une ombre d’étonnement.
— Et elle ?
Le Sylvenard baissa les yeux vers la luciole.
— Elle s’appelle Luma. C’est elle qui a vu votre lanterne. Moi, je n’avais plus d’yeux pour voir.
Un silence se posa, non pas pesant, mais doux. Comme un drap que l’on étend sur les épaules d’un ami en hiver.
Merlin désigna le banc près du feu, sur lequel reposait une couverture tissée de laine et de brume.
— Tu as bien fait d’entrer. Il te faut une cerise.
— Une cerise ?
— Une potion, précisa Merlin. Celle qu’on offre aux cœurs qui commencent à se faner. Il n’y a pas de honte à cela. Juste un peu d’oubli… et un besoin de racines.
Solen s’assit lentement. Luma descendit de son épaule pour s’installer à ses pieds. Elle replia ses pattes fines comme des filaments de lierre, puis battit une seule fois de ses ailes. Un tintement s’en échappa, semblable à un bol de cristal qu’on effleure du bout du silence.
Merlin apporta une fiole ronde, remplie d’un liquide grenat profond. L’étiquette était effacée depuis longtemps.
— Bois doucement. Elle ne guérit pas. Elle ouvre.
Le Sylvenard trempa ses lèvres. Une gorgée. Il ferma les yeux. Son souffle devint plus profond, plus ancré.
Luma émit une lumière plus chaude. Comme si, pour la première fois depuis longtemps, elle se souvenait à sa place.
— Je crois… je crois que je me suis perdu, murmura Solen. Pas dans la forêt. Non… C’est comme si tout en moi était devenu gris. Même mes rêves se taisent. Il n’y a plus rien qui me donne envie de m’endormir… ni de me réveiller.
Merlin s’accroupit devant lui, le regard brillant d’une douceur grave.
— Est-ce que tu sais ce que c’est qu’un Nimbelune ?
Solen releva les yeux, étonné. Il secoua la tête.
— Non…
— Alors écoute. Il est temps de te le rappeler.
Merlin rapprocha un petit tabouret, attrapa une poignée de copeaux parfumés qu’il jeta dans l’âtre. Une odeur de musc doux, de bois humide et de cerfeuil vint emplir la pièce, comme pour préparer l’espace invisible où les récits prennent racine.
Il fixa un instant la flamme.
Puis, sa voix s’éleva, basse et chaude comme la couverture d’un conte replié depuis trop longtemps :
— Il fut un temps, Solen, où les rêves avaient des gardiens. Pas les grands rêves éclatants, non. Les petits. Ceux qu’on abandonne sans le vouloir. Les presque-rêves. Les idées effleurées juste avant le sommeil. Les souvenirs si beaux qu’on les referme trop vite pour ne pas les abîmer…
Solen fronça doucement les sourcils, concentré. Luma s’illumina à peine, comme un accent posé sur les mots.
— Ces fragments-là, minuscules, flous, tendres, flottent dans les replis du monde comme des poussières d’aurore. Et dans ces poussières… vivent les Nimbelunes.
Merlin se leva, fouilla dans un tiroir, en tira un carnet aux pages si fines qu’elles semblaient faites de peau de feuille.
Il tourna quelques feuillets.
Et là, à la plume sépia, s'étendait une créature que Solen n’avait jamais vue… mais qu’il sentait pourtant familière.
Un Nimbelune.
De la taille d’un souvenir d’enfance, autrement dit, de celle d’un gros doudou oublié sous un lit, la créature était couverte d’un duvet doux et mousseux, d’un blanc aux reflets lilas. Sa peau respirait la caresse des nuages. Deux grands yeux ronds, irisés comme des bulles d’arc-en-ciel, dominaient un museau à peine esquissé, entre la fleur et la peluche. Elle n’avait ni ailes, ni griffes. Seulement de petites pattes souples, parfaites pour se lover dans les creux des écorces ou au creux d’un poème abandonné.
— Ils vivent dans les plis des arbres anciens, là où le temps se courbe, là où l’écorce s’ouvre sans faire de bruit. Ils se nourrissent des rêves inachevés, Solen. De ces fragments oubliés que les âmes laissent tomber comme des miettes. Ce sont des cueilleurs de lumière intérieure, des réparateurs de mémoire tendre.
Le Sylvenard était fasciné.
— Mais… à quoi servent-ils, exactement ?
Merlin sourit, posant doucement un doigt sur le front du jeune Voyageur.
— À veiller. Et à rappeler.
Quand quelqu’un perd la trace de ses songes, quand l’imaginaire devient silencieux, il arrive parfois, rarement, mais parfois, qu’un Nimbelune retrouve la personne à qui appartenait un souvenir oublié. Et lorsqu’ils se rencontrent… il se passe quelque chose.
Il marqua une pause.
— On ne se souvient pas forcément du rêve. Mais on se souvient… de ce que ça faisait d’y croire.
Solen sentit un frisson courir le long de son échine. Sa queue se dénoua légèrement. Et dans la douce lumière de Luma, un reflet très léger de doré reparut sur le bout de ses oreilles.
— Est-ce que… est-ce que moi aussi j’ai perdu des rêves ?
— Oui. Mais ils ne sont pas loin. Peut-être qu’un Nimbelune veille encore dessus.
Le Sylvenard regarda longuement les flammes. Un silence se glissa entre eux. Plus apaisé que le précédent. Il caressa machinalement la tête de Luma, qui vibra doucement, comme un chat-lanterne endormi.
— Et si je veux le retrouver ? Comment je fais ?
Merlin se pencha vers l’âtre et souffla très lentement sur les braises. Une forme douce émergea dans la fumée : celle d’un Nimbelune.
— Tu n’as pas besoin de le chercher. Ce sont eux qui nous retrouvent… quand on est prêt à écouter.
Ce soir-là, Solen ne demanda pas d’autre potion. Il resta là, dans l’atelier endormi, pendant que Merlin s’occupait doucement de ses alambics, comme s’il préparait une symphonie à venir.
Luma s’était posée au sommet d’un vieux livre, sa lumière assourdie à peine plus forte qu’un soupir.
Solen avait fermé les yeux.
Pas pour dormir.
Mais pour écouter.
Quelque chose s’était ouvert en lui. Un genre de fenêtre douce, entrouverte sur ce qu’il croyait avoir perdu.
Et c’est dans ce silence-là… que cela se produisit.
Un souffle tiède passa sur sa joue. L’odeur d’un sous-bois après la pluie. Puis un poids infime sur son ventre, comme un rêve qui vient se poser.
Lorsqu’il rouvrit les yeux… il était là.
Le Nimbelune.
Blotti sur lui, comme si c’était là qu’il avait toujours vécu. Ses grands yeux irisés le fixaient sans le fixer, comme s’il voyait à travers les âges de son cœur. Il sentait la mousse, le miel tiède et les vieux souvenirs d’anniversaires oubliés. Sa respiration soulevait à peine sa fourrure de brume. Et dans ses pattes… quelque chose brillait faiblement.
Un fragment.
Une image oubliée.
Un champ de cerisiers, à la fin du printemps. Un rire d’enfant. Une main chaude dans la sienne. Et la certitude, fuyante mais réelle, d’avoir un jour été parfaitement heureux.
Solen sentit ses yeux s’embuer.
Le Nimbelune se pencha, toucha doucement le front du Sylvenard de son museau flou. Et dans ce geste, sans mot, il y avait une promesse : "Je suis là. Je t’ai retrouvé. Et je garderai pour toi ce que tu croyais perdu."
Luma, toujours silencieuse, sembla s’incliner devant la créature. Comme si elle aussi la reconnaissait.
Et Merlin, sans se retourner, murmura dans la pénombre :
— Quand on accepte sa fragilité… les Nimbelunes n’ont plus besoin de se cacher.
Solen referma les bras sur la petite créature, comme on serre un souvenir retrouvé. Il ne dit rien. Il n’y avait plus besoin de mots.
Et dans l’atelier de Merlin, ce soir-là, un rêve avait été recousu.
Un fragment d’imaginaire retrouvé.
Un cœur, un peu, réparé.
Pour toi voyageur,
Tu ne l’as peut-être pas encore vu.
Mais il est peut-être là, blotti dans un coin de ta mémoire. Tapissé entre deux rêves oubliés, ou dans le repli d’un rire d’enfant que tu n’as pas entendu depuis longtemps.
Un Nimbelune.
Le tien.
Il ne frappe pas aux portes, ne dérange jamais. Il attend. Dans le creux d’une écorce, derrière une ride du cœur, dans ce tiroir où tu gardes les vieux dessins, les lettres froissées, les instants qui t’ont échappé.
Et parfois, quand tu ralentis assez…
quand le monde se tait juste ce qu’il faut…
… il remonte à la surface, comme une bulle de souvenir.
Et alors, tu te rappelles : ce que tu croyais perdu, ne l’était pas.
Pas vraiment.
Car quelque part, un petit être moelleux comme un coussin de brume veillait dessus.
Et peut-être, qui sait… qu’en lisant ce conte, tu l’as senti, tout contre toi.
Merlin et sa Fée
Il était un temps où la Terre respirait au rythme du chant des peuples invisibles.
Sur les sentiers de Brocéliande, là où la brume s’attarde comme un vieux souvenir, certains savent encore percevoir ce que l’Histoire a cru éteindre. Les Hommes, dans leur aveuglement, ont altéré et façonné ce monde à leur image, oubliant l’harmonie qui y régnait autrefois, mais à l’ombre de leurs pas résonne encore l’écho d’autres présences. Elfes, fées, korrigans… ces êtres magiques ont appris à se fondre dans le silence, dissimulés sous l’écorce d’un arbre, derrière un menhir ou une racine. Ce que le regard n’aperçoit plus, le cœur de l’enfant le devine encore.
Aujourd'hui, ce sont les breuvages qui chuchotent à qui sait tendre l'oreille. Chaque gorgée devient un pont tendu entre ce monde et celui que les yeux oublient. On dit que ces potions ne sont pas de simples infusions, mais des reliques d’un temps où l’harmonie liait l’homme à la nature. Dans chaque tasse, il y a un secret, une promesse, celle de renouer avec le Petit Peuple qui se cache encore sous nos pieds, à la frontière de l’invisible.
Je suis Merlin, ou Merzhin en langue bretonne. Des années en arrière, lorsque la forêt était encore plus dense que la mémoire, j’ai rencontré une fée, fragile et blessée par la cruauté des hommes. Ensemble, dans l'intimité des clairières et autour de potions aux parfums enivrants, nous avons guéri nos cœurs et partagé des récits d'antan. Ses breuvages portaient en eux des secrets oubliés.
De ces instants sont nées "Les Potions de Merlin." Plus que de simples boissons, elles sont des portes vers un univers que la raison n’ose plus explorer. Chaque composition raconte une histoire, capture l'essence d'une légende et murmure une vérité cachée. Aujourd'hui, je t’invite, voyageur, à écouter ces récits. Installe-toi. Respire. Laisse-toi emporter.
Le monde moderne ne croit plus en la magie, mais peut-être sauras-tu, toi, retrouver cet émerveillement, ne serait-ce qu’un instant. Car au fond de ta tasse, quelque part entre la première et la dernière gorgée, se cache l'âme d'une fée.
Merlin
À l'orée des grands chênes et des brumes éternelles, une maison de bois respire au rythme de la forêt.
Au cœur du Morbihan, là où la forêt se fait refuge, nous avons ancré notre existence dans une maison de bois, abritée sous les chênes. C’est ici, à l’orée des légendes, que notre petite entreprise familiale a pris racine, nourrie par l’âme bretonne qui imprègne nos cœurs. La Bretagne n’est pas simplement la terre que nous habitons ; elle est un souffle, une mémoire, une âme ancienne qui résonne en nous.
Ce n’est pas un hasard si les mystères de cette région se sont révélés à nous. Autour d’une tasse de chocolat fumant, d’une infusion rare, ou d’un thé dont les notes rappellent des temps oubliés, la légende est venue à nous. Elle s’est glissée dans les paroles d’un conteur, s’est murmurée dans la confidence d’un ami connaissant des sentiers cachés. Peu à peu, elle a pris forme, nous entraînant dans une quête silencieuse, à la recherche de notre propre Graal : un lien intime avec le "Petit Peuple", ces gardiens invisibles des secrets de Brocéliande.
Convaincus que la vraie richesse réside dans le partage, en 2022, nous avons fait le choix de dédier notre passion à la découverte et à la transmission de breuvages d’exception. Chaque gorgée que nous offrons est une invitation à renouer avec un monde ancien, celui où la terre et l’homme respiraient en harmonie, où les légendes faisaient vibrer les cœur.