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Le printemps s’était faufilé entre les branches de Brocéliande sans grand fracas, glissant comme une pensée légère après les lourdes pages de l’hiver. Les derniers feux de cheminée s’éteignaient dans les chaumières des voyageurs, et la brume matinale, encore glacée, hésitait à céder la place aux parfums de sève et de bourgeons.
Grisouille, la petite chatte tigrée au regard de fougère, s’était levée avant les premières lueurs du jour. Elle avait quitté la chaleur de l’atelier en silence, marchant sans bruit sur le bois encore humide du perron. Sous ses coussinets, la mousse détrempée exhalait son parfum âpre, celui de la terre en réveil, du monde qui s'étire.
Elle savait.
Elle savait que Merlin s’inquiétait.
Depuis quelques jours, elle le surprenait, les sourcils froncés devant ses registres, le regard ailleurs, les doigts distraits à tourner les pages d’un vieux grimoire sans vraiment les lire. L’hiver, avec ses frissons et ses gorges en feu, avait rempli les gourdes et les chaudrons. Les potions de Merlin avaient réchauffé plus d’un cœur gelé. Mais maintenant… Les gelées s’estompaient. Et la chaleur de l’été, elle, n'était pas encore là pour éveiller la soif et les envies de fraîcheur.
Le printemps, ce trait d’union, cet entre-deux fragile, était pour Merlin une saison creuse. Les potions se vendaient peu. Les coffres, eux, faisaient entendre un soupir au lieu d’un tintement.
Grisouille n’avait pas besoin de mots pour comprendre. Elle lisait l’humeur de son sorcier comme elle lisait les courants d’air. Et comme tout bon félin, elle était fière. Fière et libre. Hors de question d’être un poids. Elle ne demanderait rien. Pas une croquette. Pas une miette.
Elle chasserait.
Le vent du matin apportait les premières effluves de sève. L’odeur des primevères se mêlait à celle des lichens tièdes. Une mer de verdure s’ouvrait devant elle, zébrée de lumière pâle. Elle s’avançait avec la grâce naturelle des reines, les muscles souples, les oreilles frémissantes. Une brindille craqua sous sa patte arrière : elle s’immobilisa net. Son museau se dressa.
Quelque chose. Là. Une piste.
Une odeur grasse, musquée, chargée de l’âcreté des grains oubliés et des nuits sous les planches. Un rat. Pas un de ces petits mulots pressés, non… Une bête qui avait du vécu. Et sans doute de la jugeote.
Grisouille se tapit dans les herbes hautes, les yeux plissés, un sourire en coin.
Le printemps allait peut-être lui offrir un vrai défi.
Elle suivait la piste comme on suit une promesse.
Le vent tournait, mais l’odeur persistait, s’accrochait aux feuilles froissées, se glissait sous les pierres. Elle descendit un talus, frôla un ruisseau chuchotant, enjamba un tronc moussu, et s’arrêta net.
Là.
Une touffe de ronces tressées, épaisses comme des bras d’ogres, dressait ses griffes végétales vers le ciel. Au cœur de ce chaos piquant, une poignée de mûres luisait comme des pierres précieuses. Trop mûres pour la saison. Gorgées de sucre et d’insolence.
Un bruissement. Léger. Calculé.
Elle se coula dans l’ombre.
Et le vit.
Un rat.
Pas un de ces coureurs d’égouts aux yeux fuyants. Non. Celui-ci avait l’arrogance d’un vieux chef de bande. Le pelage mité, la moustache frisée, un gilet rapiécé et une sacoche pleine à craquer de ce qu’il n’avouerait jamais. Un brin de blé entre les dents, il tirait sur une mûre avec une lenteur parfaitement provocante.
Grisouille s’approcha sans un bruit.
– C’est ton dernier repas, Rat. Autant en profiter. souffla-t-elle en sortant une griffe.
Le rat leva les yeux, imperturbable.
– T’as l’air tendue, Minette. T’as pas eu ta caresse du matin ?
– Je ne suis pas venue pour discuter. Je chasse.
– Et moi je pique-nique. Et alors ? Y a marqué “réservé aux chats” sur ces mûres peut-être ? Tu veux qu’on appelle la brigade des bonnes manières ?
Grisouille retroussa les babines.
– Tu sais à qui tu parles ? Je suis Grisouille. Assistante de Merlin.
Le rat haussa les épaules.
– Et moi j’suis Napoléon. Tant qu’on y est. Non mais sérieusement… une chatte de salon qui joue les rôdeuses ? Tu veux me faire peur ? Regarde-toi : t’as encore de la sciure entre les coussinets et l’odeur des croquettes aux sardines dans l’haleine. Laisse tomber.
Grisouille gronda.
– Je chasse pour ne pas être un poids. Le printemps est creux. Merlin n’a pas besoin de bouches inutiles.
Le rat s’interrompit. La mûre resta suspendue entre ses griffes.
– Ah… Voilà. Là tu causes. T’es pas juste là pour te donner un genre. Tu tiens au vieux. Respect.
Grisouille renifla.
– Contrairement à certains, j’ai un sens de l’honneur.
– L’honneur, hein ? Tu me balances ça comme si j’étais censé être impressionné. J’ai connu des chats “honorables” qui retournaient leur pelage dès que la gamelle était vide. Tu m’as pas l’air de ce genre-là. T’es bornée, mais pas fausse.
Il lui tendit la mûre qu’il venait de cueillir.
– Allez, fais pas ta difficile. C’est sucré comme un mensonge et acide comme la vérité.
Grisouille hésita, puis s’en détourna.
– Je ne mange pas ce que je ne chasse pas.
– T’es fatigante. Mais j’commence à t’aimer bien. Moi c’est Maître Crochard. Des champs, des ruelles et des recoins qu’aucun guide n’ose cartographier. Et toi, c’est quoi ton plan maintenant ? Tu me manges, tu me câlines ou on cause sérieusement ?
Grisouille grimaça un sourire.
– Je devrais te croquer pour ton insolence.
– Tu pourrais. Mais ça te resterait sur l’estomac. Trop de vérité d’un coup, ça brûle.
Elle poussa un soupir.
– Viens. Je vais te présenter à Merlin.
– C’est pas trop tôt. Lui et moi, on a des affaires à régler.
– Il ne supporte pas les escrocs.
– Tant mieux. J’suis pas un escroc. J’suis un catalyseur d’opportunités mal rangées.
L’atelier de Merlin baignait dans une chaleur douce. Une odeur mêlée d’écorce sèche, de mousse chauffée et d’épices rêveuses emplissait l’air. Chaque fiole semblait contenir un bout de forêt, un éclat d’étoile ou un souvenir de pluie. Le bois craquait doucement sous les pattes de Grisouille, qui entra la première, la queue haute, suivie du rat crasseux qui semblait ne rien avoir à prouver.
Merlin, penché sur un parchemin aux lignes sinueuses, releva lentement la tête.
– Te voilà, Grisouille. Qui donc est ce visiteur à la moustache impérieuse et au regard… acéré ?
– Un glouton insolent trouvé dans les ronces. Il s’appelle Crochard. Il pique les mûres, il pique les mots, et il pique même la vedette, si on n’y prend pas garde.
– Maître Crochard, corrigea l’intéressé en sautant d’un bond sur la table, sans s’embarrasser des manières. Les honneurs, j’m’en cogne, mais les titres, ça pose un personnage.
Il scruta Merlin comme on jauge un vieux meuble pour savoir s’il cache un double fond.
– Alors c’est toi, le grand Merlin ? T’en as dans la barbe, paraît-il. Mais j’te sens préoccupé. T’as beau brûler des herbes et aligner des fioles, t’as le printemps qui te serre la ceinture, non ?
Le magicien sourit, placide.
– J’ai toujours trouvé en chaque saison une leçon. Le printemps m’apprend l’humilité. Moins de potions partent ces jours-ci, en effet.
– Mmh. Traduction : tes ventes dégringolent, t’as l’atelier qui roupille, et tes voyageurs se font la malle en attendant l’été. Dis-le, nom d’un gland moisi ! Assume !
– Il est vrai que la période est plus... calme.
– Calme, mon œil ! C’est la dèche qui s’installe à pas feutrés. Et t’as quoi comme plan ? Des sortilèges pour faire tomber des pièces du ciel ? Ou t’attends que les mûres fassent le boulot à ta place ?
– J’observe, j’analyse, et je cherche des réponses. Mais je n’ai pas encore trouvé de solution satisfaisante.
– Voilà ! Tu vois ? C’est là que j’interviens. Tu veux que ça bouge ? Faut que ça pique un peu. Que ça grince, que ça vibre, que ça sente l’occasion à saisir.
Merlin pencha la tête.
– Je t’écoute, Maître Crochard.
Le rat se redressa fièrement, bomba son torse râpé et dit, comme s’il révélait un trésor caché :
– La Cagnotte de la Fortune.
Tu mets un petit pourcentage de tes ventes de côté. Tu fais gonfler le sac, pièce après pièce, et à la fin du mois… PAF ! Tu tires au sort un veinard parmi ceux qui ont commandé. Il empoche un bon d’achat. Un vrai. Pas un “peut-être un jour si la lune est pleine” : non. Du concret. Du clinquant.
Merlin haussa un sourcil, intéressé.
– Et quel serait l’intérêt pour les voyageurs ?
– Tu donnes, ils reçoivent. Tu partages, ils s’engagent. Tu joues franc jeu, et ils le sentent. Pas de baratin. Tu leur dis : "J’ai besoin de vendre un peu plus ce mois-ci. Vous m’aidez ? Eh ben j’vous fais gagner un truc. Un vrai. Pas des promesses en flacons." Et tu sais quoi ? Ils vont aimer ça. Parce que tu parles vrai. Et parce que tu joues pas à la magouille.
– Ce serait donc... une sorte de cercle vertueux ?
– Un cercle piquant, ouais. Avec moi au centre. Je garde la cagnotte. J’en fais le spectacle. Je motive les troupes. Et j’gueule si ça ronfle. Bref, j’fais le sale boulot que t’oses pas faire en robe de mage.
Un silence, puis un rire. Un vrai. Clair, ample, chaleureux. Celui de Merlin.
– Tu es une tornade, Maître Crochard. Un cyclone de bon sens et d’insolence. J’accepte. Tu seras le Gardien de la Cagnotte de la Fortune. Mais surtout… tu seras libre dans tes paroles..
– Ah ben là, mon gars, tu vas être servi.
Grisouille, en s’étirant sur le rebord d’un fauteuil, lança :
– J’crois qu’il vient de te sauver ton printemps, le rongeur.
Et Merlin, les yeux brillants, répondit :
– Il vient peut-être de lui redonner un peu de magie.
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Message de Maître Crochard, Gardien Officiel de la Cagnotte de la Fortune Fluctuante
– Oyé, oyé, tas de rêveurs en mal de potions !
C’est moi, Maître Crochard, rat des champs, râleur certifié, langue bien pendue et tout juste nommé gardien de ce que j’appelle la seule vraie bonne idée de la saison : la Cagnotte de la Fortune.
Tu veux que je t’explique sans poudre de perlimpinpin ? Allez, assieds-toi, ça va être clair :
Chaque fois que tu passes commande chez Merlin, hop, y a des pièces qui filent dans une cagnotte. C’est pas des miettes de fromage : c’est du bon d’achat, du vrai, du qui-revient-dans-ta-poche.
À la fin du mois, je tire un gagnant au sort parmi les Voyageurs qui ont commandé. Oui, toi aussi, même si t’as juste pris une petite fiole en douce. T’es dans le tirage, pas d’arnaque.
Pourquoi on fait ça ? Simple. Le printemps, c’est la galère. Trop chaud pour les potions de feu, trop frais pour les rafraîchissements. Résultat : Merlin tire un peu la langue.
Mais ici, on pleurniche pas. On partage. On joue franc jeu.
Tu nous donnes un coup de patte, on te rend la pareille. Pas de promesses en sucre. De la vraie reconnaissance. Et si t’as du bol, du pognon à dépenser chez nous.
Alors voilà.
Tu commandes ? Tu participes.
Tu participes ? Tu peux gagner.
Tu gagnes ? Tu fêtes ça avec une tournée de potions.
Et moi ? Je garde l’œil sur la cagnotte. Et j’te jure que personne ira y gratter sans y être invité.
Maintenant, file commander… ou passe ton chemin. Mais viens pas pleurer si t’as raté le tirage.
– Signé : Maître Crochard,
gardien grognon mais incorruptible de ta future bonne surprise.
Merlin et sa Fée
Il était un temps où la Terre respirait au rythme du chant des peuples invisibles.
Sur les sentiers de Brocéliande, là où la brume s’attarde comme un vieux souvenir, certains savent encore percevoir ce que l’Histoire a cru éteindre. Les Hommes, dans leur aveuglement, ont altéré et façonné ce monde à leur image, oubliant l’harmonie qui y régnait autrefois, mais à l’ombre de leurs pas résonne encore l’écho d’autres présences. Elfes, fées, korrigans… ces êtres magiques ont appris à se fondre dans le silence, dissimulés sous l’écorce d’un arbre, derrière un menhir ou une racine. Ce que le regard n’aperçoit plus, le cœur de l’enfant le devine encore.
Aujourd'hui, ce sont les breuvages qui chuchotent à qui sait tendre l'oreille. Chaque gorgée devient un pont tendu entre ce monde et celui que les yeux oublient. On dit que ces potions ne sont pas de simples infusions, mais des reliques d’un temps où l’harmonie liait l’homme à la nature. Dans chaque tasse, il y a un secret, une promesse, celle de renouer avec le Petit Peuple qui se cache encore sous nos pieds, à la frontière de l’invisible.
Je suis Merlin, ou Merzhin en langue bretonne. Des années en arrière, lorsque la forêt était encore plus dense que la mémoire, j’ai rencontré une fée, fragile et blessée par la cruauté des hommes. Ensemble, dans l'intimité des clairières et autour de potions aux parfums enivrants, nous avons guéri nos cœurs et partagé des récits d'antan. Ses breuvages portaient en eux des secrets oubliés.
De ces instants sont nées "Les Potions de Merlin." Plus que de simples boissons, elles sont des portes vers un univers que la raison n’ose plus explorer. Chaque composition raconte une histoire, capture l'essence d'une légende et murmure une vérité cachée. Aujourd'hui, je t’invite, voyageur, à écouter ces récits. Installe-toi. Respire. Laisse-toi emporter.
Le monde moderne ne croit plus en la magie, mais peut-être sauras-tu, toi, retrouver cet émerveillement, ne serait-ce qu’un instant. Car au fond de ta tasse, quelque part entre la première et la dernière gorgée, se cache l'âme d'une fée.
Merlin
À l'orée des grands chênes et des brumes éternelles, une maison de bois respire au rythme de la forêt.
Au cœur du Morbihan, là où la forêt se fait refuge, nous avons ancré notre existence dans une maison de bois, abritée sous les chênes. C’est ici, à l’orée des légendes, que notre petite entreprise familiale a pris racine, nourrie par l’âme bretonne qui imprègne nos cœurs. La Bretagne n’est pas simplement la terre que nous habitons ; elle est un souffle, une mémoire, une âme ancienne qui résonne en nous.
Ce n’est pas un hasard si les mystères de cette région se sont révélés à nous. Autour d’une tasse de chocolat fumant, d’une infusion rare, ou d’un thé dont les notes rappellent des temps oubliés, la légende est venue à nous. Elle s’est glissée dans les paroles d’un conteur, s’est murmurée dans la confidence d’un ami connaissant des sentiers cachés. Peu à peu, elle a pris forme, nous entraînant dans une quête silencieuse, à la recherche de notre propre Graal : un lien intime avec le "Petit Peuple", ces gardiens invisibles des secrets de Brocéliande.
Convaincus que la vraie richesse réside dans le partage, en 2022, nous avons fait le choix de dédier notre passion à la découverte et à la transmission de breuvages d’exception. Chaque gorgée que nous offrons est une invitation à renouer avec un monde ancien, celui où la terre et l’homme respiraient en harmonie, où les légendes faisaient vibrer les cœur.